Le lieu historique national du Canada des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror est l’un des endroits les plus reculés gérés par Parcs Canada au pays. Venez découvrir comment les Gardiens inuits utilisent le savoir traditionnel inuit en plus d’une bonne dose d’ingéniosité pour parvenir aux campements des gardiens près du site de chacune des deux épaves chaque été, depuis le début du programme des Gardiens inuits en 2017. En plus de protéger et de surveiller ces sites importants, les Gardiens inuits partagent leur connaissance du territoire et leurs compétences dans la pratique de la chasse et la cueillette traditionnelles aux nouvelles générations de gardiens.

Les Gardiens inuits sur le site de Parcs Canada du lieu historique national du Canada des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror

Chaque automne, les eaux peu profondes s’agitent autour des épaves du HMS Erebus sous l’action des vents froids qui se mettent à souffler, alors que l’été tire à sa fin en Arctique de l’Ouest. La région où le naufrage a eu lieu, il y a 160 ans, se situe quelque part au milieu des îles du golfe de la Reine-Maud, au Nunavut, l’un des endroits les plus difficilement accessibles au Canada. 

Des Inuits ont pourtant réussi à survivre dans cette région qu’ils ont habitée pendant des millénaires. Les histoires issues de la tradition orale inuite de la région de Netsilik rapportent de nombreux détails intéressants sur l’expédition de Franklin, après que l’amirauté britannique ait perdu contact de ses navires et leurs équipages. Ce sont ces histoires qui ont mené à la découverte du HMS Erebus en 2014. Deux ans plus tard, en 2016, le HMS Terror a également été retrouvé. 

Aujourd’hui, les Gardiens inuits, de la communauté de Gjoa Haven, sont responsables de la protection et de la surveillance des épaves. Les Gardiens ont recours à leur savoir traditionnel et leur ingéniosité pour pouvoir accéder aux campements près du site de chacune des deux épaves, depuis le début du programme des Gardiens inuits en 2017.

L’équipe des Gardiens de Gjoa Haven, peu avant leur départ vers les campements situés près des épaves HMS Erebus et HMS Terror, en 2018. De gauche à droite: Jonathan Puqiqnak, Adam Ukugtunnunangat, Dennis Qirqqut, Paul Oogak, Trevor Tulurialik, Leon Komangat, Mark Ullikataq. À l’avant: Chris Kikoak. (PHOTO PARCS CANADA – STEVE DUCHARME)
La valeur de leur présence près des épaves est inestimable. Il demeure très difficile pour les équipes du Sud d’atteindre ces endroits, peu importe l’année. En 2018, des amas de glace importants ont forcé l’équipe d’archéologie subaquatique de Parcs Canada à écourter à deux semaines leur mission de recherche d’artéfacts du HMS Erebus qui avait prévu six semaines de fouilles.

Les conditions météo sont très variables dans cette région d’une année à l’autre. En 2019, des chercheurs sont parvenus à collecter 350 nouveaux artéfacts de l’expédition de Franklin et de son HMS Erebus au cours de fouilles qui ont duré plusieurs semaines. Ce fut l’année de recherche la plus fructueuse depuis la découverte du navire en 2014.

L’ancien Gardien Jonathan Puqiqnak alors qu’il travaillait pour l’équipe d’archéologie sous-marine de Parcs Canada, au cours de la mission de recherche qui a mené à la découverte de 350 artéfacts de l’épave HMS Erebus, 2019. (PHOTO PARCS CANADA)
Cette même année, une première expérience touristique a eu lieu près de l’épave du HMS Erebus. Deux Gardiens ont assumé le rôle d’interprètes touristiques alors qu’ils ont accueilli les passagers d’un navire de croisière qui est parvenu au site du lieu historique national du Canada des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror, après plusieurs tentatives qui ont toutes échoué les saisons précédentes en raison des conditions de glace.

Suite à la découverte du HMS Erebus et du HMS Terror, Parcs Canada a choisi de travailler avec des Inuits pour la préservation des épaves et pour raconter cette portion de l’histoire de l’expédition de Franklin qu’ils connaissent si bien, le naufrage ayant eu lieu sur leur territoire. 

C’est ainsi que plusieurs initiatives ont vu le jour, dont le programme des Gardiens inuits, pour s’assurer que les Inuits et la communauté de Gjoa Haven, la communauté du Nunavut la plus près du lieu historique national du Canada des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror, puisse bénéficier économiquement de la proximité des navires de Franklin et être responsable de la protection des sites des épaves et de leur interprétation. 

Les Gardiens de Gjoa Haven voyagent aux camps de base près des deux épaves de Franklin lors de la saison des eaux libres. Le HMS Terror repose environ à 100 kilomètres à l’ouest de Gjoa Haven, dans les eaux de la baie Terror, au large de la côte de l’île King William. HMS Erebus est environ 100 kilomètres au sud de Gjoa Haven, dans le golfe de la Reine-Maud.

Les Gardiens Brandon Qirqqut et Mark Ullikataq nettoient un renard à la tombée de la nuit, durant la mission des Gardiens de 2017, au camp de base de l’Erebus. (PHOTO PARCS CANADA – THIERRY BOYER)
Aux deux campements, les tâches des Gardiens incluent de la surveillance des lieux et des navires. Aucun navire non autorisé n’a le droit de s’approcher du site de chacune des deux épaves. Le travail journalier des Gardiens inclut des patrouilles régulières et de l’observation sur territoire entourant les épaves. Il s’agit d’un travail de première ligne important pour protéger et conserver les épaves de Franklin et l’une des composantes de la série d’initiatives mises en place par le gouvernement du Canada pour s’assurer que le site soit protégé en tout temps. Les Gardiens sont aussi entraînés pour rapporter toutes trouvailles archéologiques qu’ils puissent faire sur le territoire durant leurs patrouilles. 

En dehors de leurs tâches habituelles de surveillance des sites des épaves, les Gardiens pratiquent aussi leurs méthodes de chasse traditionnelles pour ravitailler les camps de base, incluant la chasse au caribou et au renard et la pêche d’omble chevalier. Ces séjours dans les campements sont aussi l’occasion pour les Gardiens inuits d’entraîner de jeunes Gardiens à la chasse, ainsi qu’à d’autres pratiques traditionnelles inuites.

«Les aînées Inuits nous ont dit lors des premières consultations de l’élaboration du programme qu’il serait important de pouvoir profiter de ce programme pour transmettre le savoir traditionnel aux générations plus jeunes. Nous sommes fiers de voir que c’est ce que nous parvenons à faire maintenant que le programme des Gardiens est en fonction», explique Aaron Skoblenick, directeur du lieu historique national du Canada des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror.

Pour les Gardiens, transmettre leur savoir à propos de la région s’avère important et utile pour la protection des sites des épaves. Depuis 2018, les Gardiens inuits ont joué le rôle d’animateur et de conteur chez eux, à Gjoa Haven, lors du festival annuel Umiyaqtutt. En 2019, ils ont eu la chance de jouer les interprètes devant des touristes qui sont parvenus à atteindre le HMS Erebus à bord du navire de croisière d’Aventure Canada, le Ocean Endeavour.

Les Gardiens ravitaillent leurs camps de base de provisions de nourriture traditionnelle appelée «country food». Sur la photo, le chasseur et Gardien Brandon Qirqqut nettoie un animal après la chasse, au camp de base de l’Erebus en 2017. (PHOTO PARCS CANADA – RUSS HEPBURN)
Le 5 septembre 2019, des Gardiens ont accompagné les aînés Tommy Tavalok et Jacob Keanik à bord de l’Ocean Endeavour pour se présenter aux passagers et présenter la région de Netsilik. «Netsilik» est le nom inuit de la région où se trouvent les épaves. Tavalok a amené avec lui sur le bateau des vêtements traditionnels en peau de caribou, qui protègent les chasseurs lorsqu’ils se retrouvent sur les terres arides et froides des campements en saison hivernale, ainsi que des outils traditionnels de chasse, tel que le «kakivak», une lance de pêche. Keanik, qui a participé au rituel de bénédiction du HMS Erebus, après qu’il eut été découvert, en compagnie de l’historien Louie Kamookak, a aussi partagé ses expériences en mer et sur la terre près de l’île King William ainsi que sa première visite sur le site du HMS Erebus.  

«Il est une priorité pour Parcs Canada de raconter l’histoire de Franklin en la contextualisant géographiquement sur le territoire des Inuits, là où les épaves reposent en ce moment», dit Skoblenick. Skoblenick a guidé le navire de croisière vers le site des épaves, et a aussi fait visiter la barge utilisée lors des excavations. La barge est amarrée au-dessus du HMS Erebus lors des saisons de recherche. En soutien au navire de Parcs Canada, le David Thompson, la barge sert aussi de base d’opérations pour l’équipe d’archéologie subaquatique de Parcs Canada lorsqu’ils poursuivent leurs fouilles du navire. 

Lorsque davantage d’infrastructures seront développées au lieu historique national du Canada des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror, ainsi qu’à Gjoa Haven, il est prévu que les Gardiens inuits continuent de jouer un rôle d’ambassadeurs et de protecteurs, en particulier lorsqu’ils accueilleront plus de touristes et des membres de leur communauté dans les années à venir. Ils continueront aussi de profiter de leurs séjours aux camps de base pour enseigner et pratiquer leurs techniques traditionnels en compagnie de nouveaux Gardiens.

L’aîné Tommy Tavalok de Gjoa Haven (en arrière à droite), assis auprès de Gardiens inuits à bord du navire d’Aventude Canada, le Ocean Endeavour, lors d’une présentation pour les touristes du lieu historique national du Canada des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror en septembre 2019. (PHOTO PARCS CANADA – BARB OKPIK)
Parcs Canada est en train d’évaluer ce qui a fonctionné et ce qui a moins bien fonctionné lors de la visite d’Aventure Canada au site du HMS Erebus, afin de parfaire l’expérience touristique au lieu historique national du Canada des Épaves-du-HMS Erebus-et-du-HMS Terror, développée en consultation avec le Comité consultatif intérimaire de Franklin, les copropriétaires inuits des artéfacts de Franklin et la Société de l’héritage de Nattilik de Gjoa Haven. Depuis 2018, le gouvernement du Canada et la Fiducie du patrimoine inuit sont copropriétaires des artéfacts découverts sur les sites des épaves jusqu’à maintenant.  

Alors que le Canada continue de gérer la situation de la pandémie de 2020, Parcs Canada a annulé toutes ses activités de recherches sur les sites des épaves de Franklin, pour éviter la propagation du virus COVID-19 aux communautés vulnérables du Nunavut. Cependant, de la même façon que lors de saisons précédentes, lorsque les circonstances météo ont empêché les chercheurs de se rendre sur les sites, les Gardiens, eux, n’ont pas cessé de se rendre aux campements près des épaves, pour poursuivre leur travail de protection et de conservation pour une saison de plus.

On peut voir le HMS Erebus sous la barge de Parcs Canada, Qiniqtirjuaq, lors des fouilles sur le navire en 2019. (PHOTO PARCS CANADA – THIERRY BOYER)

Cet article a été rendu possible grâce au soutien de Parcs Canada. Pour en savoir plus sur les lieux de Parcs Canada au Nunavut, veuillez communiquer avec Parcs Canada à pc.info nunavut-nunavut info.pc@canada.ca

 

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