Un camp d’été traditionnel est habituellement synonyme de courses folles à l’extérieur, de plusieurs couches de crème solaire et de chansons de camp chantées à tue-tête. Rodala Aranya a pensé d’ajouter aux classiques des camps d’été un volet sur le climat. Kids4Climate (K4C) demande aux enfants d’imaginer l’avenir et d’explorer comment ils peuvent utiliser leurs voix pour bâtir ensemble un avenir équitable, durable et à l’épreuve des soubresauts du climat. 

Nous nous sommes entretenus avec Rodala, l’une des six femmes cofondatrices de Kids4Climate pour lui poser quelques questions alors que l’été tire à sa fin. Il va de soi que Rodala travaille en collaboration avec des femmes uniquement, puisqu’elle a reçu une bourse Leacross lorsqu’elle a participé à une expédition de SOI. La Fondation Leacross a pour mission d’éduquer les femmes et les filles dans les STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) à surpasser les stéréotypes et à réussir dans le domaine de leur choix. Rodala nous semble justement être le parfait exemple de succès!

Rodala, merci d’être là pour discuter avec nous! Premièrement, comment s’est passé ton été?

Il a été rempli d’aventures! J’ai vraiment voulu en faire le plus possible cet été. J’ai passé beaucoup de temps à travailler sur Kids4Climate, et j’ai par le fait même passé beaucoup de temps à l’extérieur à profiter du beau temps. J’ai aussi participé à plusieurs réunions virtuelles, je me suis occupée de mes plantes et j’ai fait beaucoup d’activités de remue-méninge à propos du camp! Il y a eu également les deux semaines de camp tant attendues, qui ont été, honnêtement, le grand moment fort de tout mon été!

As-tu participé à plusieurs camps d’été dans ta jeunesse? Qu’est-ce qui vous a donné envie, à toi et tes collègues, de partir un camp d’été? 

Dans ma jeunesse, non, je n’ai jamais participé à un camp d’été! J’aurais bien aimé par contre et c’est peut-être pour ça que j’ai voulu en créer un. L’histoire de la création de notre organisme est un peu drôle quand on y repense. Je me souviens alors que j’étais à la maison l’hiver dernier, durant le congé en décembre, de voir à quel point il était difficile pour mon cousin de rester à la maison, seul, tout le temps. Ça lui manquait tellement de pouvoir voir ses amis et de sociabiliser durant la pandémie et il était inquiet à penser que son été serait pareil, tout aussi ennuyant. En repensant à mes étés quand j’avais son âge, je me suis rappelé tout ce que je faisais d’amusant et de tous les autres jeunes que je pouvais côtoyer. Je me suis dit que je voulais que mon cousin puisse avoir de telles expériences.

L’idée d’un camp virtuel a alors germé dans ma tête! Mais je me demandais ce que serait ce camp exactement. Cela m’a amené à penser à ce qui me passionne et j’ai alors très rapidement su qu’un camp virtuel sur le climat était ce que je devais organiser! Plus j’y pensais, plus je réalisais que les enfants sont le groupe de gens qui sont les moins pris en considération à propos du climat, puisque lorsque nous pensons à impliquer la jeunesse dans les discussions sur le climat nous songeons aux 18-30 ans. Pourtant, les enfants vivent beaucoup d’anxiété reliée à la crise climatique. Ils se préoccupent de préserver l’environnement, mais manquent souvent de ressources et d’outils pour le faire et pour apporter des changements dans leurs communautés. Alors, j’ai pris le téléphone et j’ai fait un facetime avec cinq bons amis (Gemma, Amaya, Havailah, Laura and Aishani), toutes des personnes que je savais qui seraient toutes sur la même longueur d’onde que moi, et je ne me suis pas trompée! Deux semaines plus tard, nous avons eu notre première réunion et puis vous connaissez la suite!

Tu as participé à l’expédition de SOI 2018 en Arctique. Quelle a été ton expérience en expédition et comment SOI t’a influencée et soutenue depuis? 

 L’expédition en Arctique de 2018 a eu un grand impact sur moi, à plusieurs niveaux, et m’influence encore aujourd’hui. Je suis même encore très nostalgique de l’expédition et parfois j’ai l’impression que tout ce voyage n’a été qu’un rêve! Les endroits où nous sommes allés, les gens que j’ai rencontrés et tout ce que j’ai appris ne m’ont jamais quittée. C’est lors de l’expédition que j’ai vraiment pu réfléchir à l’avenir de notre planète et aux humains et animaux qui la peuplent. J’ai su que je voulais passer le reste de ma vie à essayer de créer quelque chose qui puisse valoriser la terre, les gens et les animaux. L’expédition a été la porte d’entrée à un tout nouveau monde, un monde où les gens s’unissent pour bâtir un monde meilleur!

Suite à l’expédition, SOI m’a soutenu et offert tant de ressources. Le réseau duquel je fais maintenant partie m’inspire tous les jours. SOI a octroyé une microbourse à K4C et a toujours été là pour nous fournir toutes les ressources dont nous avons besoin. Je suis si reconnaissante envers la communauté d’anciens et envers SOI.

Je n’ai pas eu de difficulté à me forger une place dans mon domaine, mais j’ai réalisé que je me dois d’aider les autres femmes pour qui c’est plus difficile.

Ton expérience d’expédition avec SOI a été financée par la Fondation Leacross qui a pour mission de soutenir les jeunes femmes dans les STIM. Est-ce que Leacross t’inspire d’une quelconque façon? 

Si ce n’était pas de Leacross, je n’aurais jamais participé à l’expédition de SOI 2018 en Arctique. Rencontrer les autres filles boursières de Leacross et plus tard toutes les anciennes boursières Leacross, m’a vraiment démontré que les femmes sont capables d’accomplir de grandes choses si on croit en elles et si on les soutient. Bien que je ne sois pas dans les domaines des STIM, mon travail est en lien aux STIM et j’ai pu constater le manque de femmes dans les domaines des STIM, en particulier de femmes PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur). C’est pourquoi il est si important de faire une place et d’offrir des opportunités aux groupes sous-représentés. Je n’ai pas eu de difficulté à me forger une place dans mon domaine, mais j’ai réalisé que je me dois d’aider les autres femmes pour qui c’est plus difficile.

Pourquoi est-ce important pour toi de voir d’autres femmes occuper des postes de leaders? As-tu eu un mentor femme ou une leader qui t’a inspirée?

C’est important et inspirant de regarder autour de soi, partout au monde (en particulier dans son propre domaine d’emploi) et de voir d’autres personnes comme soi qui ont des identités similaires. Ça peut être très difficile de se faire une place dans un monde qui ne favorise pas notre succès. Cela va au-delà de ma propre identité. Voilà pourquoi il est important pour moi d’observer une grande variété d’identités intersectionnelles qui se positionnent dans des rôles de leader et qui font plus de place pour l’empathie, l’ouverture et l’inclusion pour tous. 

Dans la vie, j’ai toujours été très reconnaissante d’avoir pu créer des liens avec des femmes qui ont été des mentors pour moi et qui m’ont inspirée et propulsée vers mes passions en m’incitant à les concrétiser. Mon premier mentor, Jebunessa Chopula, faisait partie ma communauté bengalie à Saskatoon. Elle m’a toujours poussée à poursuivre ma passion pour la danse et pour le militantisme aussi. Jusqu’à ce jour, elle a été ma plus grande supportrice. Durant l’expédition de SOI, j’ai rencontré une femme qui a ouvert la voie à mes actions pour le climat, Dominique Souris. Après l’expédition de SOI, je suis déménagée à Ottawa pour étudier et l’une des premières personnes que j’ai contactées là-bas a été Dominique, avec qui je suis allée prendre un café au centre-ville. Je me souviens être assise devant elle et discuter de son organisme incroyable, Youth Climate Lab, et d’avoir été tellement inspirée! À voir une jeune femme fonder sa propre organisation et militer pour un avenir plus durable m’a fait réaliser que je pouvais en faire autant. 

Et finalement, il n’y a personne qui ne m’inspire plus que toutes les femmes que je côtoie tous les jours; mes amies, ma famille et finalement mes cofondatrices qui m’ont démontré que nos passions peuvent mener à des choses incroyables avec une bonne dose d’empathie et d’efforts.

Il y a plusieurs jeunes qui se sentent intimidés à démarrer quelque chose ou qui ne savent pas comment s’y prendre. Quel conseil donnerais-tu à d’autres jeunes qui cherchent à occuper des rôles de leaders dans leurs communautés? 

Je peux dire qu’être moi-même une jeune qui cherche à occuper un rôle de leader est l’une des expériences les plus intimidantes que j’ai vécues dans ma vie! Mon conseil serait de se lancer et de commencer par de petites actions, peu importe ce que vous visez à faire! Ça peut être seulement une première rencontre autour d’un café avec quelqu’un ou prendre une heure chaque semaine pour gribouiller vos idées sur papier. La seule chose qui fera vraiment une différence c’est que vous commenciez quelque part! Ce qui est vraiment super avec le fait de commencer quelque chose soi-même est de pouvoir se donner des buts, ce qui permet de pouvoir établir de petits objectifs pour soi-même. Et le pire qui peut arriver? Vous «échouez» la première fois, vous apprenez de cette expérience, et recommencez! Je crois que les échecs servent toujours à nous amener plus loin. 

J’aimerais aussi dire qu’il est très important d’avoir un bon réseau de soutien. Cela peut vouloir dire de travailler aux côtés d’autres personnes ou d’avoir un mentor qui peut nous guider. Je sais que pour moi, notre mentor à K4C a fait une grande différence dans la trajectoire qu’a pris le projet. Au-delà de ça, je pense que c’est une question d’attitude et que le syndrome de l’imposteur peut nuire à plusieurs jeunes. Les rôles de leader sont aussi faits pour nous, nous avons notre voix dans nos communautés et méritons d’être soutenus dans nos efforts pour bâtir un monde meilleur.

Je suis certain que les jeunes dans votre camp ont beaucoup appris, mais qu’ils ont peut-être aussi été une source d’apprentissage pour toi dans tes démarches pour le climat. 

Oui, absolument! Moi et les autres filles avons justement beaucoup discuté de la façon dont les jeunes du camp ont eu un impact sur nous. Il est incroyable de voir la passion, l’empathie et la résilience que ces jeunes ont à l’intérieur d’eux. Ils veulent sincèrement prendre soin de la planète et des animaux, des plantes et des gens qui l’habitent. Ils sont si inspirants! Pour eux, tout est possible, et ce qui est mal, est mal. Tout problème dans le monde semble avoir une solution facile à leurs yeux et ils se demandent bien pourquoi les gens ne veulent pas prendre les meilleures décisions pour le bien-être de la terre. Ils m’ont appris l’importance des prises de conscience personnelles et des actions individuelles, du pouvoir de la collaboration, et de la force de la jeunesse. J’ai quitté les deux semaines de camp prête à me battre pour notre futur collectif plus que jamais auparavant.

Qu’est-ce que vous espérez pour l’avenir des jeunes de Kids4Climate et de la génération Alpha?

Pour Kids4Climate, je sens que les possibilités sont infinies! Nous discutons déjà de la structure de l’organisation, nous avons fait un remue-méninge à propos de projets futurs: livres, clubs, ateliers scolaires et station de ressources virtuelles pour les enfants et plus encore. Et nous cherchons aussi à recruter des membres! Quand je pense à la génération qui suit la mienne, je sais que ces jeunes sont des superstars et, honnêtement, je ressens un grand soulagement sachant qu’eux aussi veulent se battre pour un avenir juste et moins vulnérable face aux bouleversements climatiques. La génération Alpha est notre avenir, mais aussi notre présent et le temps d’agir c’est maintenant!

Si vous êtes intéressés à en savoir plus à propos de Kids4Climate ou à inscrire votre enfant au prochain camp d’été, allez voir leur super site web pour trouver les informations clés dont vous avez besoin et pour en savoir plus sur les différents sujets auxquels ces jeunes s’intéressent.
Cet article a été rendu possible grâce au soutien de La Fondation Leacross.

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